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DE DELACROIX AU NÉO-IMPRESSIONNISME

« Hier, en travaillant l’enfant qui est près de la femme de gauche dans l’Orphée, je me souvins de ces petites touches multipliées faites avec le pinceau et comme dans une miniature, dans la Vierge de Raphaël que j’ai vue rue Grange-Batelière. »

« Tâcher de voir au Musée les grandes gouaches de Corrège. Je crois qu’elles sont faites à très petites touches. »

5. Pour le néo-impressionniste, les divers éléments qui doivent reconstituer la teinte par leur mélange optique seront distincts les uns des autres : la lumière et la couleur locale seront nettement séparées, et le peintre fera dominer tantôt l’une, tantôt l’autre, à son gré.

Ce principe de la séparation des éléments ne se retrouve-t-il point dans ces lignes de Delacroix :

« Simplicité des localités et largeur de lumière. »

« Il faut concilier la couleur « couleur » et la lumière « lumière ». »

L’équilibre de ces éléments séparés et leur proportion ne sont-ils pas nettement indiqués :

« Faire trop dominer la lumière et la largeur des plans conduit à l’absence de demi-teintes et par conséquent à la décoloration ; l’abus contraire nuit surtout dans les grandes compositions destinées à être vues de loin. Véronèse l’emporte sur Rubens par la simplicité des localités et la largeur de la lumière. »

« Pour ne point paraître décolorée avec une lumière aussi large, il faut que la teinte locale de Véronèse soit très montée de ton. »

6. Le contraste de ton et de teinte que, seuls des