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LA TOUCHE DIVISÉE

aucun souci de contraste. Le point n’est qu’un coup de brosse, un procédé, et, comme tous les procédés, n’importe guère.

Le point n’a été employé, vocable ou facture, que par ceux qui, n’ayant pu apprécier l’importance et le charme du contraste et de l’équilibre des éléments, n’ont vu que le moyen et non l’esprit de la division.

Des peintres ont tenté de s’assurer les bénéfices de la division, qui n’ont pu y réussir. Et certainement dans leur œuvre, les tableaux où ils s’essayèrent à cette technique sont inférieurs, sinon en luminosité, du moins en harmonie, à ceux qui précédèrent ou suivirent leurs périodes de recherches. C’est que seul le procédé était employé, mais que la « divina proportione » était absente. Ils ne doivent pas rendre la division responsable de cet échec : ils ont pointillé et non divisé

Jamais nous n’avons entendu Seurat, ni Cross, ni Luce, ni Van de Velde, ni Van Rysselberghe, ni Angrand parler de points ; jamais nous ne les avons vus préoccupés de pointillé. — Lisez ces lignes que Seurat a dictées à son biographe Jules Christophe :

« L’Art c’est l’Harmonie, l’Harmonie c’est l’analogie des Contraires, l’analogie des Semblables, de ton, de teinte, de ligne ; le ton, c’est-à-dire le clair et le sombre ; la teinte, c’est-à-dire le rouge et sa complémentaire le vert, l’orangé et sa complémentaire le bleu, le jaune et sa complémentaire le violet… Le moyen d’expression, c’est le mélange optique des tons, des teintes et de leurs réactions (ombres suivant des lois très fixes. »