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Elégie II



Au cimetière de Tivoli.




La colonnade en marbre éclate sur le ciel :
Sur les cyprès fleuris puisant un sombre miel
Erre un troupeau léger d’abeilles rougissante,
La source à la clarté joint ses ondes naissantes,
Où maint spectre s’assied d’eau vivante abreuvé.
Quand l’astre couronné de lis sera levé,
Diane aux voiles blancs, l’œil clos sous sa couronne,
Que la brise du fleuve en grondant t’environne !
Nous mettrons aux bergers des flambeaux dans les mains,
Nous leur dirons : « Versez, par torrents, aux chemins
La lumière opulente ! Assez d’âmes sont mortes !…
De la maison sans joie allez ! brisez les portes !
L’œil de l’homme a du ciel les charmantes couleurs,
Les membres parfumés des enfants sont des fleurs
Où, du pollen des dieux, l’homme vrai fructifie
Des sépulcres brisés jaillit l’aube de vie ! »