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George Sand, dans Paris même, un des plus célèbres parmi les sculpteurs de notre jeune école me dit fort gravement qu’il ne la concevait pas autrement que sous les traits d’une amazone !

Il y eut plusieurs George Sand, en effet, sans compter celle-là, que nous laisserons à la fantaisie des admirateurs à venir, et qui ne sera peut-être pas la moins vraie. Il y eut la jeune femme qui, d’un grand essor littéraire, surgit éblouissante de beauté, de vigueur et de poésie, enivrée de nature et jetant aux échos les accents les plus passionnés qu’oreille humaine ait jamais entendus ; — il y eut la femme plus recueillie déjà, que les souffrances du siècle avaient touchée au cœur, dont les rêves généreux avaient couronné le front et dont Thomas Couture a laissé un magnifique portrait aux deux crayons : — il y eut enfin la femme vieillie qui sut entourer la fin de sa vie d’une souveraine dignité, l’aïeule sainte qui, des tendresses du foyer, fit à ses derniers ans une auréole, l’ouvrière obstinée d’une tâche de dévouement. C’est celle-là que je préfère à toutes, sans doute parce que c’est celle-là que j’ai connue et aimée !


Quel monde de souvenirs éveille en moi ce seul nom !

C’est en 1866 que je vis George Sand pour la première fois. Sans me connaître, elle avait écrit,