Page:Silvestre - Au pays des souvenirs.pdf/33

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pliers, il me quitta brusquement avec un grognement plaintif. On s’était mis d’accord. La cloche tintait pour les funérailles. Bientôt chacun avait franchi le seuil, derrière la bière, cueillant au passage une feuille de noyer, suivant la coutume du pays. La petite place disparaissait sous un égrènement de têtes nues. Tous les genoux étaient dans la boue. Le corps ne fit guère, d’ailleurs, que traverser l’église, sous une vague et inutile absolution. À deux pas, la fosse était ouverte, attendant sa proie. Quelques tertres tout autour, dont la plupart disparaissaient sous les herbes folles, indiquaient, seuls, qu’on était dans un cimetière ; toutes les floraisons des champs s’épanouissaient dans cet enclos, rarement visité. Par la bouche de Paul Meurice, Hugo lança à la morte cet admirable adieu : « Je pleure une morte et je salue une immortelle ! »

Et puis, tout fut dit. La foule se dispersa lentement en silence. Il pleuvait. Jamais les larges gouttes d’orage qui sonnaient sur les feuilles ne me parurent plus être des larmes

Il y a trois ans déjà que Maurice Sand a ramené de Nohant le fameux théâtre de marionnettes qui occupait une si grande place dans les plaisirs simples qui y étaient goûtés. Réédifié par ses soins, à Passy, il y fonctionne à nouveau, et j’y ai vu donner déjà, depuis cette restauration, plusieurs ouvrages inédits. Quelque apparence enfantine qu’eût