Page:Silvestre - Contes grassouillets, 1883.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
90
Contes grassouillets.

dans la baignoire, tout en laissant son regard flotter au-dessus.

Mme Ernesti, toujours sans rien voir, se retourna, se mit en face du large miroir placé au-dessus de la chaise longue, ramassa, dans un geste adorable, sa lourde chevelure, se sourit à elle-même de tout l’éclat de ses dents, se dégagea lentement de sa robe de chambre jusqu’à mi-reins, et, nonchalamment, passant la main derrière elle, se pencha pour la laisser plonger dans l’eau et en apprendre la température. Elle découvrait ainsi les plus belles épaules du monde et même un peu davantage. Bergace, saisissant les petits doigts qu’on lui tendait sans s’en douter, les baisa dévotement.

Mme Ernesti se retourna vivement, devint rouge comme une pivoine, se recroquevilla dans son vêtement :

— Monsieur ! dit-elle d’une voix étouffée par la colère.