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Contes grassouillets.

Ce grossier propos et d’une gravité sacrilège, dans une cité où saint Antoine est plus honoré que dans les porcheries du monde entier, fut tenu un matin de juillet, par l’apothicaire Vasaro Cacafulli, voisin de l’honnête Cristofo et son pareil par l’âge autant que par la beauté. Bien que les gentilshommes seringueurs de cette époque ne se donnassent pas du « chimiste » à enseigne que veux-tu, ce Cacafulli était un habile manipulateur de drogues, passablement athée comme tous les débitants de purgatifs, lesquels n’ont point de raisons pour trouver la nature belle, à voir ce qu’elle produit dans leurs mains. Outre les poisons dont il abrégeait la vie, déjà trop rapide, hélas ! de ses contemporains, il composait des pièces d’artifice pour les réjouissances publiques et privées. Car la poudre était déjà inventée, une fois pour toutes, découverte qui porta un rude coup au génie de l’avenir, et notre homme avait toujours les poches de son large haut-de-chausses pleines de pétards et de fusées nouvelles, son plus grand plaisir étant de surprendre les gens qui causaient avec lui