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La Bombe.

V

C’est avec respect, moi qui ne suis pas un cousin Mathieu, que je pénètre, une heure après environ, dans la chambre aux clartés mystérieuses et discrètes où reposent ensemble, en vertu d’un hymen authentique, Adolphine Bobinet et Onésime Papillon. Si donc vous attendez de ma plume quelque inconvenante description de leur bonheur, vous en serez pour vos frais, cochonnets que vous êtes. Ce que j’y vois d’ailleurs, aux tremblantes lueurs de la veilleuse, se peut narrer sans offenser les manes elles-mêmes de Berquin. Dans le grand lit blanc l’épousée dort seule, et le bruit rythmique de son souffle paisible semble doublé par un écho qui le renforce en le répétant. Dans un large fauteuil et emmitouflé jusqu’au cou dans des robes de chambre et d’épaisses flanelles, le nouveau mari grelotte et maugrée.