Page:Silvestre - Contes grassouillets, 1883.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
161
L’Aérocubite.

Une fois pourtant, en élevant les regards vers le ciel, pour le prendre à témoin de son martyre, il s’aperçut que Germance et lui avaient la tête à trois centimètres à peine du plafond.

— Sacredié ! fit-il à son tour.

Quelle situation, mes amis ! Sur le canapé gonflé comme une outre et dont la plate-forme allait atteindre les lambris, les deux amoureux étaient juchés, trop haut pour sauter sans se casser les jambes, dans l’impossibilité de sonner pour appeler au secours, plus isolés et plus désespérés que des naufragés sur un roc désert !

Tout cela, pour cette mauvaise cigarette mal éteinte qui avait allumé, sous l’Aérocubite les brins fanés d’un bouquet, lesquels avaient communiqué leur feu aux étoupes formant le fond du canapé, lesquelles, à leur tour, en brûlant sans flammes avaient si fort chauffé l’air enfermé dans le meuble que l’enveloppe de celui-ci s’était développée à la façon de celle d’une montgolfière, si bien que les pauvres diables avaient l’air grimpés sur le dôme d’un aérostat.

À ce moment, Monsieur rentrait.