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Contes grassouillets.

joues, ce fut certainement Héloïse qui témoigna le plus d’appétit. Je ne sais encore comment j’ai pu sauver quelque chose de ma fatale beauté, des emportements de son amour. Oui, mes enfants, Héloïse de Saint-Pétulant m’adora et me le prouva d’une façon farouche. C’était une superbe personne qui avait une demi-tête de plus que moi, des chairs à la Rubens, une crinière fauve comme celle des lions, et des hanches d’un rebondi impertinent. Comment était-elle de Saint-Pétulant ? De par sa propre volonté et non en vertu des stupides hasards de la naissance. Comment était-elle madame ? Parce que cela lui plaisait, tout simplement, et non par suite des ridicules privilèges du mariage. Elle était demoiselle avec frénésie, ce qui ne l’empêchait pas d’avoir un amant. C’est celui-ci que je trompais avec délices ! Mais je le faisais avec une réserve commandée par la fortune de ce protecteur odieux, mais nécessaire. Moi, je prends bien plus de précautions avec une femme entretenue qu’avec une légitime épouse. En effet, si je me fais pincer avec la première, je lui fais perdre à jamais sa position, tandis