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Contes grassouillets.

Doublebeett. Madame de Saint-Pétulant faillit mourir de terreur à cette nouvelle.

— Cache-toi là, me dit-elle.

Et elle m’engloutit sous un édredon qui me dissimula tout entier, tant j’étais à la fois mince et souple dans ce temps-là. J’étais d’ailleurs, moi-même, je l’avoue, dans une terrible inquiétude sur les intentions qui amenaient à pareille heure ce malencontreux insulaire. Si peu de dignité qui vous reste, la perspective de servir à chauffer les pieds d’un rival heureux n’est pas pour plaire à un homme de cœur. Je me révoltais positivement à cette idée et concevais mille plans absurdes. Je fus rassuré cependant en voyant que le milord n’entrait pas seul. Son gendre, le capitaine Mounisch, l’accompagnait, un gendre qui arrivait seulement à Paris et à qui il faisait les honneurs de la capitale, en commençant délicatement par sa propre maîtresse. Je compris bientôt que ces deux gentlemen se proposaient simplement de déjeuner avec Héloïse, mais ma joie fut de courte durée quand j’entendis lord Doublebeett dire avec un détestable accent :