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Contes grassouillets.

senler, et je vous demande la permission de vous conter, à ce sujet, une très dramatique aventure dont je fus le témoin, et même un peu l’acteur, au temps où florissait, plus encore qu’aujourd’hui, cette déplorable institution.

— Bravo ! s’écria la commandante.

— Vieux raseur ! murmura sourdement l’amiral.

— J’étais alors, continua le prince de la science (tous princes dans ce métier-là, comme dans la famille d’Orléans), au château des Engrumelles, dans le Cher, à quelques lieues de Saint-Amand-Montrond, où j’avais été mandé pour donner mes soins à un noble cacochyme…

— Que vous guérîtes en un clin d’œil !

— Non ! je dois l’avouer ; car il ne mourut qu’un an après. Si vous ne connaissez pas le Cher, madame, je vous dirai que les femmes y sont dodues et joviales à l’envi, dans le peuple surtout. Mais de toutes les filles du hameau des Engrumelles, la plus dodue et la plus joviale était certainement une nommée Suzanne Obin, filleule de la baronne dont je torturais l’époux avec un tas de petites mécaniques que j’ai