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Figures de cire.

II

Tout était convenu et les deux fiancés, en attendant le bouquet d’oranger traditionnel, effeuillaient un tas de petites fleurs innocentes. Heureux ceux qui se complaisent encore à ces apéritifs et ne se ruent pas tout droit en bonne chère amoureuse, affamés de plats plus substantiels que ces riens exquis ! On y revient plus tard, d’ailleurs, quand l’estomac n’est plus à la hauteur de l’appétit. Mais ils n’en étaient pas encore là ; au contraire ! L’infâme Agapet qui, comme tous les gredins, caressait volontiers des rêves bucoliques, prenait grand plaisir à voir les menues tendresses de ces deux enfants et souriait paternellement à leurs espérances. Il était même plein de petites attentions charmantes pour eux et organisait des fêtes peu coûteuses, — car il était avare, — mais qu’il présidait néanmoins avec la solennité douce