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Contes grassouillets.

maintes fois guidés, les chaînes au poignet, jusqu’à la paille légendairement humide des cachots. Car, à cette époque, les malfaiteurs étaient quelquefois inquiétés par la police ; aussi ne la regrettent-ils pas aujourd’hui. Voilà, me diras-tu, de fiers imbéciles qui confondent un calme commerçant avec un fringant militaire ! Pas si bêtes que ça, bobonne. Car ils avaient reconnu, à la lueur vacillante du falot, le manteau brodé d’argent de Saint-Eole, lequel manteau, l’innocent Michel, n’y voyant pas clair dans la chambre, avait pris pour le sien et portait crânement sur son dos. Or, ces mécréants avaient juré de mettre à mal leur persécuteur, et comme ils l’avaient suivi en l’épiant, jusqu’à la porte du drapier, ils ne doutaient pas que ce fût lui qui vînt de sortir de la maison.

— À la garde ! cria le malheureux Michel. À moi !

Et comme il était de robuste complexion, et fort bien armé d’ailleurs d’un gourdin lacé de cuir, comme en portent encore les rouliers de ce pays, il commença de résister vigoureuse-