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Contes grassouillets.

allaient être prochainement transformées en casinos où l’on ferait de la musique instrumentale aux détenus deux fois par semaine. Mais c’est peut-être un cancan.

— On ne laisserait pas entrer les honnêtes gens à ces petites fêtes ?

— Non, bobonne. Les honnêtes gens n’ont pas besoin d’être moralisés par la musique. L’ennui leur suffit. Ils peuvent y ajouter, à l’occasion, le manque d’argent. Je reprends mon récit. Oublieux de sa maîtresse et de tout au monde pour ne penser qu’à son noble office, Saint-Eole sauta sur ses hautes bottes qu’il passa en se trompant de pied, boucla son ceinturon, l’épée par devant, et, jetant sur ses épaules la limousine de maître Michel, qu’il prit, à son tour, pour son manteau, il se précipita dans la rue en criant à tue-tête :

— Tenez bon ! j’accours !

Et de fait, il eut bientôt rejoint le groupe inégal des combattants, et, jetant à terre le manteau qui gênait ses mouvements, il fit un tel moulinet avec sa lourde épée que les plus hardis des assaillants reculèrent. De son côté.