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Contes grassouillets.

Il demeura les yeux fermés pour ne pas effaroucher la bayadère et ne les rouvrit que pour apercevoir distinctement, dans un beau rayon de lune dont sa chambre était baignée, la main d’un filou qui lui chipait sa montre sur sa table de nuit. Ce spectacle le réveilla tout à fait et il bondit de son lit pour sauter à la gorge du voleur. Mais celui-ci avait fui. Barnabé Caminade, éperdu, se mit à sa poursuite dans l’escalier.

Inutile d’ajouter qu’il avait oublié de remettre sa chemise.

De quatre étages qui conduisaient jusqu’à son appartement, il en avait déjà franchi deux dans l’ombre, en entendant seulement, pendant sa course, une porte s’ouvrir. Il atteignait donc le second en descendant, quand deux bras vigoureux l’appréhendèrent et une voix furieuse lui cria :

— Ah ! je te tiens, polisson ! Dans ce costume-là, tu ne nieras pas ! Au poste, mon gaillard ! Au poste tout nu !

Barnabé, bien que fou de terreur, essaya une résistance inutile.

— À moi ! à moi ! reprit la voix furieuse.