Page:Silvestre - Histoires belles et honnestes, 1883.djvu/154

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ne fut menée dans les châteaux que sous son règne, lequel fut le plus merveilleux du monde pour les tonneliers et pour les filles folles de leurs corps, comme on disait en ce temps-là. Ces demoiselles éhontées hantaient dru les demeures seigneuriales et y faisaient grande dépense que les pauvres diables de serfs finissaient toujours par payer, ce qui ne les empêchait pas d’être enchantés du gouvernement. Car ceux qui disent que le peuple de France est malaisé à conduire mentent impudemment, et il n’en est pas de plus aisé à duper par de belles paroles, comme nous l’avons vu souvent depuis. À courir ainsi les riches domaines en amoureuse compagnie, Isabeau, dite la Maudorée, pour ce qu’elle avait toujours, par des poudres colorantes et autres engins de coquetterie, si ingénieusement altéré la vraie nuance de ses cheveux que personne ne la connaissait, avait acquis un bien considérable ; car elle était aussi prudente qu’aimable et ressemblait plutôt à la fourmi qui entasse des provisions pour l’hiver qu’à la cigale qui se donne tout entière, et sans souci des mauvais jours, aux printanières chansons. Or si l’hiver n’était pas encore venu