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IV

Ses moyens personnels et les gratifications dont l’encourageait son ministère ne lui ayant jamais permis de s’acheter un télescope, il allait d’ordinaire, trois fois par semaine, place de la Concorde, et, moyennant un abonnement consenti par l’astronome en plein vent, qui y montre la lune, il s’en donnait à cœur joie d’approfondir la constitution de ce curieux satellite de la Terre. Bergace, en dépit de sa nouvelle éducation, était demeuré avant tout un homme d’imagination, et il bâtissait un tas de petits romans psychologiques à la Jean Raynaud autour des excentricités visibles de cet astre. Où le vulgaire ne croit apercevoir que des chaînes de volcan, il devinait des villes détruites et des cités en train de renaître. Car il n’admettait pas un seul instant que la lune fût inhabitée. Il en avait vu, en mainte occasion, tressaillir les molécules lumineuses de façon à n’avoir aucun doute sur ses propriétés