Page:Silvestre - Histoires belles et honnestes, 1883.djvu/185

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chose. Revenons à Thomas. Comment était-il le compagnon ordinaire du baron Oscar Malhuché de Vessendeuil, malgré son peu de naissance personnelle ? Tout simplement parce qu’ils avaient été camarades à Saint-Cyr, d’où le baron fût sorti certainement fruit sec si son généreux copain n’eût fait régulièrement ses devoirs à sa place. De là une amitié qui était faite surtout chez Vessendeuil, d’habitude et du sentiment qu’il ne pouvait se passer de Thomas, - chez Thomas d’habitude aussi et du secret désir de se venger un jour de toutes les humiliations sournoises dont Vessendeuil l’avait abreuvé depuis longtemps. On a dit et même écrit que, dans toute amitié, il n’y avait qu’un des amis qui aimât l’autre. J’en ai vu où ni l’un ni l’autre n’aimait son ami et qui ne duraient que grâce à la force d’inertie qui rend les hommes comme les choses paresseux à changer leurs conditions d’équilibre.

- Au moins, Thomas, n’avait pas manqué de dire le baron, en agitant la sonnette du castel, comporte-toi ici comme on le doit faire dans une noble maison, et ne me fais pas rougir d’avoir été vu en ta compagnie par des personnes de mon monde.