Page:Silvestre - Histoires belles et honnestes, 1883.djvu/187

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avait emmené l’heureux militaire, en s’excusant auprès de Thomas de le laisser seul. Celui-ci avait été parfait de tenue et le moins gênant du monde. Bien plus, il devint précieux et utile quand l’époux légitime fut là. N’entraîna-t-il pas cet imbécile de Fessaride dans l’encoignure d’une croisée pour entamer avec lui une discussion interminable sur la supériorité des armes à percussion centrale et le nouveau système du colonel Peterson ! Pendant cet insupportable dialogue, les deux amoureux s’en purent donner, coude contre coude, genou contre genou, le pied sur le pied, savourant le charme de ces invisibles et imparfaites étreintes, quand l’âme tout entière frémit au simple frôlement d’une boucle de cheveux sur la joue ou d’une main gantée effleurant la main. O délices de la flirtation mystérieuse dans un salon plein de monde, dangereux mais pénétrant plaisir, qui te méprise est un sot ! Quand on se quitta après le souper, un plus clairvoyant que le comte eût certainement saisi le geste par lequel le baron Oscar Malhuché de Vessendeuil glissa un petit billet bien des fois replié entre les jolis doigts roses de la comtesse Berthe.