Page:Silvestre - Histoires belles et honnestes, 1883.djvu/201

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- Oui, mon garçon, je suis un heureux drôle, car j’épouse une fille charmante, orpheline, ayant oncle et tante à espérances, et richement dotée dans le présent et dans l’avenir. Elle habite, il est vrai, un chien de pays, mais son oncle en est maire, et il est tout naturel que ce soit lui qui reçoive nos serments. Donc nous partons demain pour Canivet-sur-Drouille, en Vexin… Mais qu’as-tu, mon Pamphile, serais-tu subitement incommodé ?

- Moi ? par exemple ! dit Pamphile en se raffermissant sur ses jambes.

Il était vert pomme. Jugez donc ! Ce Pamphile dont la discipline militaire avait fait un guerrier sans reproche, n’était autre que le petit voleur d’oies de M. Boniface. Le remords de son crime et l’embarras de se trouver face à face avec ses victimes l’étranglaient positivement. Il fit des efforts inouïs pour ne pas accompagner Beaudéduit, qui tint ferme, ne voulant pas se présenter sans valet de chambre dans la maison de sa fiancée. Alors tout le long de la route, il essaya de dissuader son capitaine de ses projets matrimoniaux.

- Il est toujours imprudent, lui disait-il, de se marier à si longue distance. Qui vous dit