Page:Silvestre - Histoires gaies, 1895.djvu/101

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— Le troisième rendez-vous, poursuivit-il, devait changer l’état des choses. Il y avait de l’orage dans le ciel et beaucoup d’électricité dans l’atmosphère. Il me sembla, dès le premier coup d’œil, qu’une langueur particulière noyait les charmes abondants de mon amie et qu’elle était plus belle encore. Mais j’étais un désespéré, bien que son avare de mari lui eût fait, ce jour-là, et fort heureusement, une seconde crasse plus révoltante encore que la première, en lui refusant un petit chien qui devait lui faire penser à moi pendant l’absence. Je constatai donc plus d’abandon et, malgré l’embarras modeste que j’éprouve à le dire, je compris vite que je ne serais plus seul dans la vie. En effet, Galatée s’était évanouie dans mes bras et s’était une Chloé que j’y pressais, une Chloé toute au feu sacré qui me brûlait moi-même. Ô transports indicibles ! ô fureur où se doublait la volupté de nos étreintes !… Tout à coup, un petit bruit sec. Et cependant le tonnerre ne grondait pas encore :

— Marquise, m’écriai-je, c’est moi ! c’est moi ! je vous jure que c’est moi !

Mais elle, posant sa main sur ma bouche et