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Page:Silvestre - Le Conte de l’Archer, 1883.djvu/100

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Chroniques du Temps passé.

visiteurs, tandis que d’autres couraient à leurs arbalètes comme pressés de les mettre en joue. Mais un geste d’autorité de l’homme bardé de fer les arrêta dans ce mouvement agressif. Celui-ci s’avança vers frère Étienne avec un air aussi courtois que le souffrait son rébarbatif visage tout balafré de blessures et qu’éclairait un œil unique, l’autre ayant sans doute été crevé dans quelque arquebusade.

— Mon père, dit-il au moine, je professe le plus grand respect pour les gens de religion et ne voudrais mentir en aucune façon à un homme revêtu de votre caractère. Aussi vous dirai-je que le capitaine Bistouille est mort depuis ce matin, et bien mort ; car c’est moi-même qui l’ai envoyé ad patres, tandis que ces braves gens expédiaient les quelques mécréants qui lui servaient d’escorte.

Nous n’appartenons pas, comme vous pouvez, le voir à l’ornement de nos pourpoints, au roi Louis le Onzième, mais bien au duc Charles que Dieu garde en toutes choses. Ayant appris que Louis, que le ciel confonde ! levait des recrues en ce pays, nous avons tenté un coup de main qui a réussi à merveille. Ayant surpris sans bruit, à l’aube dernière, l’officier et les hommes chargés de ce soin,