Page:Silvestre - Le Conte de l’Archer, 1883.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
Chroniques du Temps passé.

lui ! dit le moine en se redressant de toute sa hauteur.

— Vous n’y pensez pas, mon frère ; si fort que vous soyez détaché des biens périssables de ce monde, la pendaison est chose désagréable entre toutes, comme on en peut juger par la grimace que font ceux qui en essayent à leurs moments perdus.

— Je vous dis de me pendre avec lui ! répliqua le moine.

Et vraiment il était beau à voir, son visage ordinairement rouge et plein d’impressions sensuelles ayant pâli et s’étant comme illuminé, tant il est vrai que les hautes pensées nous transfigurent.

Et le capitaine l’ayant contemplé pendant un instant :

— Ce serait grand’pitié, reprit-il, d’envoyer en l’autre monde avant son heure un homme aussi brave que toi. Demeurez tous les deux avec nous. Tu me serviras de chapelain ; et quant à ce pauvre hère, eh bien, il fera nombre dans la compagnie. Après tout, il ne faut ni grand esprit, ni grande vigueur pour charger et décharger une couleuvrine.

— Surtout quand je suis là ! ajouta frère Étienne.