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Page:Silvestre - Le Conte de l’Archer, 1883.djvu/39

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Le Conte de l’Archer.

Étienne, fait vœu de demeurer dans le saint état qui est le vôtre, les plaisirs de la table ne sont pas les seuls qui soient au monde, et ne marchent même qu’au second rang dans le défilé des joies terrestres….

— Affaire de goût, ça ! interrompait Bignolet en haussant les épaules. Moi, je pense tout le contraire.

— Je vous remercie encore, mon ami, disait Mathurine, en levant vers le ciel un regard doucement indigné.

— Une misère ! continuait le moine en tournant son petit œil malicieux vers la pauvre dame.

— Une misère ! exclamait Clignebourde avec feu. Vous faites bien de le penser ainsi, frère Étienne, puisque vous n’en pouvez davantage. Mais vous me rappelez une fable que content les vieilles femmes de mon pays, où l’on voit un renard dédaigner des raisins qu’il ne peut atteindre. Il les regarde bien, se haussant sur ses pattes de derrière le long du mur qui les porte, mais son museau pointu demeure à plus d’un pied de la grappe appétissante. Alors il se laisse retomber à terre, et se détourne disant : Décidément, elle était trop verte, et j’estime qu’elle m’eût donné quelque male colique qui m’eût rendu ridicule de-