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Page:Silvestre - Le Conte de l’Archer, 1883.djvu/81

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Le Conte de l’Archer.

— Da ! da ! da ! exclama dame Mathurine, moi je prierai Dieu que tu reviennes !

Et elle serra bien fort son enfant dans ses bras, comme si son âme s’allait briser en le quittant.

— Je t’accompagnerai jusqu’à la ville prochaine, dit frère Étienne en prenant la main de Tristan qui, depuis ces encourageantes paroles de son père, se sentait littéralement périr de frayeur. Ramasse ton arbalète et tes flèches.


Le fils du tanneur obéit machinalement, et, couvert encore une fois des baisers de sa mère, il sortit les yeux secs, tant il était anéanti, et marchant devant lui comme un automate, conduit par le bon moine.

— Hein ! quel gaillard ! pas une larme ! exclama fièrement Guillaume. Voilà bien le fruit de la mâle éducation que je lui ai donnée. Ma seule crainte maintenant est que le garçon ne se fasse tuer à la première affaire, avant d’avoir conquis assez de gloire et reçu assez de blessures !

— Ah ! tenez, Guillaume, vous êtes un monstre !