Page:Silvestre - Les Ailes d’or, 1891.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
86
LES AILES D’OR

Nos os frémiront d’allégresse,
La terre ayant brûlé nos chairs,
Et leurs embrassements plus chers
Nous fondront dans une caresse.
Leurs tronçons brisés se noueront
En des étreintes éperdues,
Et, sous les racines tordues,
De plus près ils s’enlaceront.

La ruine viendra tout entière,
La terre ayant brûlé nos os ;
Et, comme les nids sans oiseaux,
Nous nous en irons en poussière.
Mais, de nos cendres, montera
L’ivresse aux langueurs infinies
D’être, enfin, de si près unies
Que le néant les confondra !