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Page:Silvestre - Les Ailes d’or, 1891.djvu/165

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LES AILES D’OR

La solitude a mis, étant vite venue,
Son grand linceul d’oubli sur la dépouille nue
De celui qu’attendait le réveil immortel,
Et cette pierre aride est son unique autel.
Voilà la sépulture amère que t’ont faite
Les élus de ton rêve, ô Sauveur, ô prophète,
Ô toi qui parcourais le terrestre chemin,
Un agneau sur l’épaule et des lis dans la main !
Faut-il que l’on te plaigne ou bien que l’on t’envie,
Toi qui, pour des ingrats, donnas ta noble vie ?
Aux plus humbles de nous la mort te fait pareil.
Tu ne reverras plus, dans le tiède soleil,
Passer le spectre blanc de la Samaritaine,
Ni la femme adultère au bord de la fontaine ;
Et nos sœurs pleureront durant l’éternité
Celui qui pardonnait à leur fragilité !