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LES AILES D’OR

J’ai revu la maison et le doux coin de terre
Où mon souvenir seul fait passer, sous mes yeux,
Mon père souriant avec un front austère
Et ma mère pensive avec un front joyeux.

Rien n’y semblait changé des choses bien connues
Dont le charme autrefois bornait mon horizon ;
Les arbres familiers, le long des avenues,
Semaient leurs feuilles d’or sur le même gazon.

Le berceau de bois mort qu’un chèvrefeuille enlace,
Le banc de pierre aux coins par la mousse mordus,
Ainsi qu’aux anciens jours tout était à sa place
Et les hôtes anciens y semblaient attendus.

Ma mère allait venir, entre ses mains lassées
Balançant une fleur sur l’or pâle du soir ;
Au pied du vieux tilleul, gardien de ses pensées,
Son Horace à la main, mon père allait s’asseoir.