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LES AILES D’OR

Jusqu’au sommet du chêne et l’ondoyante crête
Du palmier et le faîte aigu des peupliers,
En suivant des rameaux les contours déliés,
Elles vont ! — Mais au bout le destin les arrête.

La chanson des oiseaux fuyant la paix des nids,
L’insensible rumeur de la brise qui passe,
Tout leur donne la soif sublime de l’espace
Et le dégoût amer des horizons finis.

À rompre leur prison leurs colères sont vaines
Et nul bruit n’en trahit l’effort silencieux.
Sans pouvoir emporter notre désir aux cieux,
Tel notre sang s’épuise au chemin de nos veines.

La mort seule ici-bas affranchit les douleurs.
Accourez, bûcherons à la rude cognée !
Et, creusant dans leurs troncs une large saignée ;
Des chênes et des pins délivrez l’âme en pleurs.