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LES AILES D’OR

Devant le faux soleil où rayonnait l’hostie
J’ai prié, tout enfant, et j’ai baisé la croix :
Dans mon cœur, d’où la foi chrétienne est partie,
J’ai gardé la fierté de servir qui je crois !

Oui, j’ai cru jusqu’au jour où la science amère
Me vint d’avoir prié sous d’injustes douleurs.
Bien avant la raison, dans son linceul, ma mère
Sur le néant des dieux ouvrit mes yeux en pleurs.

Pourtant, je te revois, pieux et sans colère.
Église dont les seuils ont oublié mes pas !
Et, si je ne crois plus à ton Dieu tutélaire,
D’avoir rêvé du ciel je ne me repens pas !