Page:Silvestre - Les Renaissances, 1870.djvu/37

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Comme un sein virginal que traverse une haleine
De parfums infinis, tièdes et pénétrants,
Un souffle intérieur a visité la plaine
Et soulève du sol un chœur d’esprits errants.

Tout respire : les bois sentent courir une âme
A leur cime légère et pleine de frissons,
Et, comme la chaleur d’une lointaine flamme,
Les voluptés du soir montent des horizons.

Les charnelles senteurs des verdures marines
Suivent, le long des flots, le spectre de Vénus,
Et des grands bœufs couchés les bruyantes narines
Aspirent, dans l’air chaud, des bonheurs inconnus.

Tout s’enivre de boire à la source cachée
Où, comme un holocauste éternel et fumant,
La Vie exhale une âme à la Mort arrachée,
Une âme qui dormait sous l’herbe, obstinément ;