Page:Silvestre - Poésies 1866-1872, 1880.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

À André Lemoyne.


I ― Le Pêcheur.

 
COMME un pêcheur debout sur la rive profonde,
Dieu, sur le bord du ciel devançant le matin,
Jette, — immense filet, — chaque jour sur le monde
Et l’entraîne, le soir, plein d’un sombre butin.

Ceux-là que nous aimons, ce sont ceux qu’il emporte :
Ce qu’il en fait là-haut, nul ne le sait ici.
— Le flot s’est refermé, comme une immense porte
Entre nous et nos morts, notre éternel souci !