Page:Silvestre - Poésies 1866-1872, 1880.djvu/221

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Prologue

 
POURSUIVRE ce qui fuit, rêver ce qu’on ignore,
S’ouvrir une blessure impossible à guérir,
Hâter la trahison que garde l’avenir
A ceux que l’idéal implacable dévore ;

Fuir ce qu’on peut aimer, chercher ce qu’on adore,
Ce qui peut-être est mort ou vous fera mourir,
C’est folie et pitié I Car nul ne sait encore
Si le bien de savoir vaut le mal de souffrir.

J’ai, jusque sous la dent de l’antique chimère,
Voulu ravir le fruit dont la science amère
Tente ironiquement les cœurs audacieux.

Pour monter dans l’azur j’ai déserté la vie,
Et cependant je porte une secrète envie
A tous ceux que la terre a consolés des cieux !