Page:Silvestre de Sacy - Calila et Dimna, ou Fables de Bidpai, 1816.djvu/35

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avoit disparu depuis cet instant, accusèrent Sofyan de sa mort ; et le firent conduire lié et garotté devant Mansour. On fit comparoître les témoins, qui déposèrent que le fils d’Almokaffa étoit entré chez Sofyan, et qu’on ne l’avoit point vu sortir de cette maison. Le khalife dit d’abord qu’il examinerait cette affaire ; puis s’adressant aux témoins, il les intimida, en leur donnant à entendre qu’Abd-aliah n’étoit pas mort, qu’il pouvoit, s’il le vouloit, le faire comparaître à l’instant même devant eux, et qu’alors il les mettrait à mort, comme faux témoins. En conséquence, ces gens-là rétractèrent leurs dépositions, et les deux princes Soleïman et Isa ne parlèrent plus de cette affaire, voyant bien que c’était par ordre de Mansour qu’Abd-allah, fils d’Almokaffa, avoit été tué.

Soleïman, fils d’Ali, étant mort en l’an 142, la fin tragique d’Abd-allah, fils d’Almokaffa, doit être antérieure à cette date. Je serais même porté à croire, d’après l’ensemble de tout ce récit, qu’elle précéda la mort du rebelle Abd-allah, fils d’Ali, tué, comme je l’ai dit, par ordre du khalife Mansour, en l’année 139.

Quoi qu’il en soit, on ne peut douter du moins que l’auteur du Schah-namèh ne soit tombé dans un anachronisme, en rapportant au khalifat de Mamoun la traduction Arabe du livre de Calila, puisque Mamoun n’a commencé à régner qu’en 198.

Le livre de Calila n’est pas le seul qui ait été traduit du pehlvi en arabe par Abd-allah, fils d’Almokaffa ; nous savons qu’il avoit aussi traduit en arabe les principales parties, peut-être même le corps entier, de l’ancienne histoire des Perses, et que ses traductions ont été l’une des sources où a puisé l’auteur du Schah-namèh. Il est aussi connu par des poésies Arabes ; le recueil intitulé Hammasa en contient un fragment.

Abd-allah ne se contenta pas de traduire le livre de Calila ; il y ajouta, à ce qu’il paraît, une préface.

La portion des prolégomènes du livre de Calila, qui me paroît appartenir incontestablement au traducteur Arabe, est celle qui, dans mon édition, est intitulée : باب عرض الكتان تزحمة عند اسه et qui a pour objet d’exposer dans quelle intention ce