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contrées occidentales, furent derechef arrêtées par les Koen-ming (préfecture de Ta-li, province de Yun-nan) et, malgré les punitions, infligées à ces tribus turbulentes, aucun émissaire impérial ne put franchir leur pays.

Pendant la campagne contre le Nan-yue, l’attitude du roi de Tong-yue avait été louche ; il avait prétendu venir en aide aux Chinois, mais en réalité s’était tenu sur la réserve ; il avait même eu des relations secrètes avec les rebelles du Nan-yue. Aussi le général victorieux, Yang P’ou, demanda-t-il à l’empereur de parfaire son triomphe dans le sud en attaquant le Tong-yue LXXXV-1. Il n’y fut pas autorisé ; mais le roi de Tong-yue, en apprenant les dispositions hostiles de l’armée chinoise, se révolta. En l’an 110, l’empereur dut donc entrer de nouveau en campagne ; la guerre civile éclata aussitôt dans l’état de Tong-yue ; le roi fut assassiné et le parti vainqueur se rendit aux Chinois. Par une de ces mesures radicales dont était coutumière la politique des souverains de ce temps, tous les habitants du pays furent transportés au nord du Yang-tse-kiang et l’ancien royaume de Tong-yue ne fut plus qu’une contrée déserte.

Après avoir assuré sa domination dans le sud par les guerres des années 111 et 110 avant notre ère, l’empereur Ou put reporter toutes ses forces contre l’ennemi du nord ; nous avons vu quelles furent les péripéties de son long duel contre les Hiong-nou, mais il est un épisode de cette lutte que nous avons passé sous silence et qui cependant s’y rattache indirectement, car il est bien certain qu’en allant batailler dans le nord de la Corée, l’empereur avait l’arrière-pensée d’enserrer les Hiong-nou du côté de l’est LXXXV-2, comme il essayait de les enfermer du côté de l’ouest en établissant son influence


LXXXV-1. Mémoires historiques, chap. CXIV, p. 2 r°.

LXXXV-2. Cette opinion est énoncée par Lieou Hin ( 劉歆 ) cité par Siu-song ( 徐松 ) dans son excellent commentaire du chapitre XCVI du Ts’ien Han chou, publié en 1829 (2e partie, p. 31 r°).