Page:Sima qian chavannes memoires historiques v1.djvu/17

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départ entre ce que l’auteur a vu lui-même, ce que ses contemporains lui ont appris et ce qu’il a lu chez ses devanciers. Après avoir ainsi dégagé les diverses parties de l’ensemble, on peut en second lieu rechercher quelle forme l’écrivain donne à ces matériaux ; son cerveau est comme un prisme à travers lequel se réfractent les rayons lumineux qui sont les faits et il importe de déterminer l’indice de réfraction de ce prisme ; on montrera donc de quelle manière il fait revivre le passé par son imagination, comment il conçoit l’enchaînement des événements par sa méthode, avec quelle précision il sait distinguer le vrai du faux par son jugement critique.

A vrai dire, il serait téméraire de pousser cette analyse trop loin quand il s’agit d’un écrivain européen ; si l’on prétendait prendre une page d’un de nos historiens et dire : Ce passage est dû à son génie ; il a emprunté cet autre à tel ou tel auteur ; ce troisième enfin n’est que l’expression d’une idée ou d’un fait connu de toute son époque — on risquerait de tomber dans l’absurde parce que ces causes multiples agissent simultanément pour produire jusqu’aux moindres parties de ce tout organisé que nous appelons une oeuvre littéraire. Visant plus à être une science chez les modernes, étant plutôt un