Page:Sima qian chavannes memoires historiques v1.djvu/65

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haut rang d’honneur ; on lui consacre un des chapitres réservés aux seigneurs, au lieu de le ranger, comme on le fait pour Lao-tse dans la foule des monographies ; on le traite en roi non couronné. Bien plus, Se-ma Ts’ien, dans un passage qui ne peut être que de lui et non de son père, raconte avec un véritable enthousiasme la visite qu’il fit au temple de Confucius L-1 : « Le duc grand astrologue dit : Dans le livre des Vers il y a cette parole : « La montagne élevée attire le regard ; la grande « route attire le piéton » (cf. trad. Legge, p. 393). Même si l’on ne peut pas y aller, le désir s’y porte. Pour moi, en lisant les écrits de Confucius, j’ai cru voir quel homme il était. Je me suis rendu dans le pays de Lou ; j’ai regardé le temple et la salle de Tchong-ni (appellation de Confucius), son char, ses vêtements, ses ustensiles rituels. Tous les gens instruits, aux époques voulues, s’exerçaient à pratiquer les rites dans sa demeure. J’étais pénétré d’admiration ; je revenais sur mes pas ; je restais là et ne pouvais partir. Dans le monde, les grands, les rois et même les sages sont en foule ; de leur temps ils sont renommés ; quand ils sont morts, c’est fini. Confucius, qui n’était qu’un simple particulier, voit son nom transmis à plus de dix générations. Tous ceux qui étudient le reconnaissent pour leur maître. Depuis le Fils du ciel, les rois et les nobles, tous ceux qui, dans le royaume du Milieu, discourent sur les six arts libéraux, se réfèrent à lui comme à un arbitre. C’est là ce qu’on peut appeler la sainteté suprême. » Se-ma Ts’ien paraît donc avoir eu la plus grande vénération pour le maître de l’école des lettrés. Mais il n’en était pas de même de son père Se-ma T’an qui était un taoïste convaincu et n’a pas craint, dans sa revue des divers systèmes philosophiques, de condamner les imperfections des lettrés L-2. Si donc on relève quelques rares traces de


L-1. Mémoires historiques, chap. XLVII, p. 12 v°. — Ce texte est de la main de Se-ma Ts’ien, puisque c’est lui qui voyagea dans le pays de Lou.

L-2. Cf. p XVI.