Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/118

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La (mauvaise) récolte (produisit) une grande famine. La quatrième année (243 av. J.-C.), Tch’ang et Yeou-koei furent prises. Le troisième mois, l’armée fut licenciée. — Le prince (de la maison) de Ts’in qui avait été envoyé en otage revint (du pays) de Tchao ; l’héritier présomptif[1] de Tchao sortit (de Ts’in) pour retourner dans son pays. — Le dixième mois, au jour keng yn, des sauterelles vinrent de l’Est ; elles couvraient le ciel ; il y eut une épidémie dans l’empire. — Tous ceux du peuple qui apportèrent mille che de grains furent gratifiés d’un degré dans la hiérarchie[2].

La cinquième année (242 av. J.-C.), le général (Mong)

  1. Cet héritier présomptif est connu sous le nom de prince de Tch’oen p’ing (cf. Mémoires historiques, chap. XLIII, p. 15 v°).
  2. Sur les degrés de hiérarchies cf. appendice I, § 2. C’est ici que, pour la première fois, nous voyons fonctionner cette déplorable institution de la vénalité des grades qui a été et qui reste un des vices les plus profonds du gouvernement chinois. Il est à remarquer cependant qu’on ne vendait pas les fonctions elles-mêmes mais seulement les titres de la hiérarchie honorifiques. — On a vu plus haut (note 05.411. ) ce qu’était la mesure du poids appelée che. Quoi qu’il soit difficile de savoir exactement quel poids représente le che, c’est-à-dire 120 livres de l’époque des Tsin, nous pouvons essayer de déterminer approximativement la valeur de 1000 che ; un poids d’une livre de l’époque des Ts’in est donné par le Kin che souo (section Kin souo, 2e livre) comme pesant 6 leang d’aujourd’hui ; comme il y a 16 leang dans une livre, 1000 che de l’époque des Ts’in équivaudront à (6 x 120 x 1000) : 16=45.000 livres d’aujourd’hui ; la livre chinoise vaut environ 600 grammes ; 45.000 livres représenteront donc 27.000 kilogrammes ; en évaluant le prix du blé à 20 francs les 100 kilos, on arrive à cette conclusion que 1.000 che de grain exprimeraient aujourd’hui en France le pouvoir d’achat de 5.400 francs environ. Il est évident que ce résultat n’est que très approximatif ; tout en reconnaissant les multiples causes d’erreur qui peuvent en infirmer la valeur, il nous a paru intéressant de chercher à préciser le sens de ce passage de Se-ma Ts’ien.