Kia I et Se-ma Ts’ien disent : « Supposez que Yng ait eu les capacités d’un prince ordinaire et qu’il ait seulement eu des aides de valeur moyenne, quoique le pays à l’est des montagnes fût troublé, le territoire de Ts’in aurait pu être conservé dans son intégrité, les sacrifices du temple ancestral n’auraient point encore dû s’interrompre. » Ts’in ayant accumulé les causes de la ruine, l’empire s’éboula comme un amas de terre, s’effondra comme une pile de briques ; quand même on aurait eu les talents de Tan, (duc) de Tcheou, on n’aurait pas eu l’occasion de manifester son habileté ; aussi est-ce une erreur d’incriminer un malheureux qui ne régna qu’un seul jour. C’est une tradition répandue que Ts’in Che-hoang fut l’instigateur de toutes les fautes ; Hou-hai rendit ses fautes extrêmes ; on tient là la vraie explication ; au contraire, accuser un jeune enfant[1] en disant que le territoire de Ts’in aurait pu être conservé, c’est ce qu’on peut appeler ne pas avoir compris la situation. Le troisième frère du prince de Ki, à propos de l’affaire de Hoei, le tch’oen-ts’ieou ne dit pas son nom[2]. Pour moi, quand je lis les Annales des Ts’in, arrivé au
- ↑ Cette expression ne convient guère à Tse-yng, qui était un homme fait (cf. note 478).
- ↑ On lit en effet dans le Tch’oen ts’ieou (3e année du duc Tchoan) : « En automne, le troisième frère (du marquis) de Ki se livra avec (la ville de) Hoei, à Ts’i. » Le nom de ce personnage n’est pas indiqué et Pan Kou voit dans cette omission une intention cachée : la reddition de la ville de Hoei fut le commencement du démembrement de l’État de Ki ; mais la ruine de cette principauté était inévitable ; aussi l’auteur du Tch’oen ts’ieou passe-t-il sous silence le nom du prince qui livra la ville de Hoei, afin de montrer au lecteur qu’il ne doit pas imputer à ce prince la perte de l’État de Ki. Pan Kou oppose donc ce sage artifice du Tch’oen ts’ieou au jugement injuste de Kia I qui incrimine l’infortuné Tse-yng.