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Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/302

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du Ho-nan ; sa capitale fut Lo-yang[1].

Tch’eng, roi de

  1. Lo-yang était à 26 li au nord-est de la sous-préfecture actuelle de Lo-yang, qui fait partie de la préfecture de Ho-nan. C’était l’ancienne ville de Tch’eng-tcheoui (cf. tome I, note 04.293.  ; note 04.497.  ; tome II, note 223), Le roi Tchoang-siang (249-237 av. J.-C.) en avait fait la préfecture de Lo-Yang et avait placé cette ville sous les ordres de l’administrateur de la commanderie de San-tch’oan. Sur les deux orthographes [a] et [b] qui ont cours pour désigner la rivière Lo et la ville de Lo-yang, nous trouvons dans le commentaire de Tchang Cheou tsie une explication qui apparaît déjà chez le commentateur Yen Che-Kou et plus anciennement chez Lou -ming et Yu Hoan : autrefois le mot Lo se serait écrit [b] ; mais, quand les Han postérieurs (25-220 ap. J.-C,) fixèrent leur capitale à Lo-yang, comme ils régnaient par la vertu de l’élément feu et que le feu est vaincu par l’eau, ils supprimèrent le signe de l’eau à gauche du caractère [b], et ajoutèrent le caractère [c] à la droite de la phonétique ; en effet, le caractère [c] symbolise la terre (j’avoue que ce point de la théorie reste obscur pour moi) ; or la terre triomphe de l’eau qui est l’élément que redoutaient les Han. — Cette explication se heurte à une objection très forte : dans plusieurs textes antérieurs à la dynastie des seconds Han, tels que le Tcheou li, le Tso tchoan, etc. , on trouve la rivière Lo du Ho-nan désignée par le caractère [a] ; ce caractère était donc admis avant la prétendue réforme attribuée aux Han postérieurs. Le Dictionnaire de K’ang-hi (au mot [a]) fait bon marché de cette objection, en disant que les textes anciens devaient présenter la leçon [b] et qu’ils ont été corrigés à une époque ultérieure. Mais ce n’est pas là une réponse scientifique. — Le critique Toan Yu-ts’ai, dans son édition du Chouo wen (chap. XI, p. 18 v° et 19 r°, au mot [b]) a tiré la question au clair avec toute la précision et la lucidité qui sont les caractéristiques de cet excellent esprit : il commence par établir, au moyen des textes anciens, qu’à l’origine le mot [b] désignait la rivière Lo du Chàn-si (cf. t. I, p. 202, n. 3) et que le mot [a] désignait la rivière Lo du Ho-nan (cf. tome I, note 02.187. ) ; les empereurs de la dynastie Wei (220-264 ap. J.-C.), qui régnaient par la vertu de la terre, et qui avaient leur capitale à Lo-yang, changèrent l’orthographe [a] en [b], parce que la terre est le mâle de l’eau et que la dynastie se trouvait ainsi étroitement associée à sa capitale, comme le mâle à la femelle ; mais, pour prévenir la critique, les empereurs Wei prétendirent qu’ils ne faisaient que revenir à l’ancienne orthographe ; ce furent donc eux qui inventèrent la théorie que les Han postérieurs avaient modifié le caractère et l’avaient écrit [a]. C’est en effet dans un texte de l’époque des Wei que nous trouvons exposée pour la première fois cette théorie : « Cette erreur, dit Toan Yu-ts’ai, a son origine dans une citation du Wei lio (dont l’auteur est Yu Hoan), faite par P’ei Song-tche (mort en 451 ap. J.-C.), de l’époque des Wei ; (cette citation est ainsi conçue) : la première année Hoang-tch’ou (220 ap. J.-C.), un décret fut rendu qui disait que les Han avaient eu l’élément feu, que le feu redoute l’eau, et que c’était pour cette raison que, dans le caractère [], on avait retranché [] et ajouté []. Ainsi l’ancienne orthographe de la rivière Lo du Ho-nan était [a], comme le prouvent les textes les plus dignes de foi. En 220 après J.-C., la dynastie Wei changea [a] en [b], et, pour ôter de sa gravité à ce coup d’État orthographique, elle prétendit que la dynastie précédente avait déjà changé [b] en [a] et qu’elle ne faisait que revenir à la coutune primitive. Mais, en réalité, c’est [a] qui a été altéré en [b], et non [b] qui a été modifié en [a].