les assistants pleuraient et aucun d’eux ne pouvait lever la tête pour le regarder.
Puis le roi Hiang monta à cheval, et, avec une escorte d’environ huit cents cavaliers excellents de sa garde, il rompit, à la tombée de la nuit, le cercle qui l’enserrait, sortit du côté du sud, et galopa jusqu’au jour ; l’armée de Han s’en aperçut alors ; le commandant de la cavalerie, Koan Yng, reçut l’ordre de le poursuivre avec cinq mille cavaliers. Le roi Hiang traversa (la rivière) Hoai ; (il n’y eut plus qu’)une centaine de cavaliers qui purent rester avec lui. Arrivé à Yn-Ling[1], le roi Hiang perdit son chemin ; il le demanda à un paysan qui lui répondit, pour le tromper :
— Prenez à gauche.
A gauche, il tomba dans de grands marécages et c’est pourquoi Han le poursuivit et l’atteignit. Le roi Hiang ramena ses soldats du côté de l’est ; arrivé à Tong-tch’eng[2], il n’avait plus que vingt-huit cavaliers. Les cavaliers de Han qui le poursuivaient étaient au nombre de plusieurs milliers. Le roi Hiang estima qu’il ne pouvait plus échapper ; il dit à ses cavaliers :
— Huit années se sont écoulées depuis le moment où j’ai commencé la guerre jusqu’à maintenant ; j’ai livré en personne plus de soixante-dix batailles ; ceux qui m’ont résisté, je les ai écrasés ; ceux qui m’ont attaqué, je les ai soumis ; je n’ai jamais été battu ; j’ai donc possédé l’empire en m’en faisant le chef. Cependant voici maintenant en définitive à quelle extrémité je suis réduit ; c’est le Ciel qui me perd ; ce n’est point que j’aie commis quelque faute militaire. Aujourd’hui, je suis