Une sueur rouge perle sur lui ; l’écume coule écarlate ;
Sa course est aisée ; il franchit dix mille li ;
Maintenant qui lui égalera-t-on ? Le dragon (seul) est son ami.
Ensuite[1], on vainquit (le royaume de) Ta-yuan et on trouva le cheval qui parcourait mille li (en un jour) ; le nom de ce cheval était P’ou-chao ; on composa de nouveau à ce sujet un chant dont le texte était ainsi conçu :
« Le cheval céleste est arrivé, venant de l’extrême occident ;
Franchissant dix mille li, il s’est réfugié auprès de celui qui est vertueux[2] ;
Grâce à son prestige surnaturel, il a fait se rendre les royaumes étrangers ;
il a traversé les sables mouvants, et les barbares des quatre points cardinaux se sont soumis.
Le tchong-wei Ki Yen[3] s’avança (en présence de l’empereur) et dit :
— Toutes les fois que des souverains ont institué certaines musiques, c’était pour honorer en haut leurs aïeux, et pour réformer en bas la multitude du peuple. Maintenant Votre Majesté a trouvé un cheval et a composé (à son sujet) une ode dont on a fait un chant et qu’on associe (aux cérémonies) dans le temple ancestral. Comment les empereurs vos prédécesseurs et les cent familles (du peuple) pourraient-ils apprendre de tels airs ?
L’empereur garda le silence, mécontent.
- ↑ En 101 avant J.-C. Cf. tome I, Introduction, p. LXXVII-LXXVIII.
- ↑ C’est-à-dire l’empereur de Chine.
- ↑ Cf. Mém. hist., chap. CXX. — Ki Yen étant mort en 112 avant J.-C., l’anecdote racontée ici par Se-ma Ts’ien doit se rapporter à l’ode composée en 120 avant J.-C., en l’honneur du cheval de la rivière Yo-wa.