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L’ÉCRIN DISPARU

Après son effroyable crise, et les heures d’abattement qui l’avaient suivie, Dupras s’était trouvé dans ce Sanatorium, seul, éloigné du Parc des Cyprès dont chaque figure, chaque objet, lui rappelaient les événements tragiques dont le souvenir l’obsédait.

Il n’est pas de plus salutaire remède contre la neurasthénie qu’un changement de lieu, d’occupations, d’entourage. En quelques heures Dupras avait fourni de ce fait une preuve de plus. Ses yeux n’étaient plus égarés ; ses gestes étaient moins convulsifs. Dès les premiers mots, sa voix parut raffermie et moins saccadée.

— Comme vous êtes aimable de venir me voir, Monsieur, dit-il en tendant de nouveau la main au reporter. Et tout de suite, il ajouta avec un faible sourire :

— Convenez qu’en nous quittant l’autre jour au Parc des Cyprès, nous ne pensions nullement que la prochaine rencontre aurait lieu ici !… Que voulez-vous, un certain Docteur Smith, après m’avoir examiné cinq minutes, a conclu que j’étais fou, et personne ne l’a contredit…

— Pardon, Monsieur, il s’est trouvé quelqu’un pour le contredire, interrompit le Docteur de Chambure. Je viens justement de prévenir monsieur Parizot qu’il m’était impossible de vous garder plus longtemps, ne trouvant en vous, aucun signe d’aliénation mentale.

Parizot et Dupras se regardèrent ayant la même pensée. Après l’aveu du crime, il n’y avait eu pour l’assassin que deux alternatives ; la prison ou la maison de santé. Si le médecin-aliéniste le déclarait sain d’esprit, rien ne pouvait plus le soustraire à l’action de la justice. Sans pouvoir comprendre ce qui se passait dans leur esprit, Monsieur de Chambure devina un secret entre les deux hommes qu’il venait de mettre en présence.

— Je vous laisse causer avec monsieur Dupras, dit-il, en s’adressant à Parizot, et je vous le répète, conseillez-lui le séjour dans une maison de repos, dirigée par un spécialiste des maladies nerveuses. La neurasthénie peut devenir dangereuse quand elle n’est pas soignée à temps.