Page:Simon - L'écrin disparu, 1927.djvu/167

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Un torrent de larmes fut le seul salut qu’il adressa au religieux, en lui tendant ouverte, la lettre qu’il tenait encore à la main… Un silence de stupéfaction suivit la lecture, pendant que silencieux et comme pétrifiés dans leur fauteuil, les deux hommes se regardaient, cherchant réciproquement à deviner leur pensée…

— Mon Dieu !… mon Dieu… la mesure est comble, s’écria Monsieur Giraldi avec un accent de désespoir ; venez à mon aide ou bien de nouveau je vais succomber… et le front, sur sa main appuyée au dossier d’un fauteuil, il pleure amèrement…

L’âme un peu soulagée par l’épanchement spontané de sa douleur, tout ce que l’affection la plus sincère, la foi la plus profonde peuvent suggérer à un ami, lui fut dit par le Père Rodolpho. Des hauteurs morales où l’avait élevé sa vie de sacrifices, le religieux lui fit voir le doigt de Dieu dans les événements, et en dépit des apparences, lui montra son cœur si bon, qui ne frappe que ceux qu’il aime, et ne châtie ici-bas que ceux qu’il veut sauver éternellement.

Peu à peu, comme sous l’action bienfaisante d’une rosée divine, le cœur de l’ancien millionnaire, semblait goûter cette doctrine si nouvelle pour lui et insensiblement passait de la résignation à une joie jusqu’alors inconnue à son âme régénérée par la souffrance.

Puis, vint la séparation :

Alors, sur le seuil de sa résidence, en serrant la main du Trappiste :

— Adieu, mon Père et… MERCI…

Tenez voici pour payer votre passage : c’est un acompte sur ce que je vous dois !… acceptez-le pour votre monastère… et il lui glissa son chèque au montant de $200,000 dollars…

« Souvenez-vous du pauvre millionnaire, quand vous monterez à l’autel du Seigneur !… »


FIN