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VICTOR COUSIN

Mais, disaient les Ségur-l^amoignon, les Barthélémy Sauvaire, les Reugnot, les Barthe, et même, avec beaucoup de réserves et de compliments, le duc de Broglie, l’enseignement de l’Université et l’administration universitaire, qui n’est que l’enseignement de l’Université prolongé, au lien de calmer et de fortifier les esprits, ne font que les agiter et les troubler. Vous enseignez le cartésianisme, disait celui-là, et c’est le doute méthodique. Vous êtes éclectique, disait l’autre, et par conséquent vous admettez toutes les doctrines, ce qui est la même chose que de les repousser toutes. Tous vos efforts, disait-on de divers côtés, aboutissent à montrer les difficultés sans pouvoir les résoudre. Puis venait l’éternel argument du panthéisme : « M. Cousin a dit que Dieu est dans tout et qu’il est la substance de tout ». C’est en répondant à tous ces arguments dirigés contre sa philosophie que Cousin se montra vraiment su})érieur. Le danger pour lui était d’entrer trop avant dans la discussion et de transformer le Sénat en une sorte d’assemblée académique. Il se ])orna à des indications très sommaires, mais très fermes, qui, sans donner prise aux subtilités, portèrent la conviction dans les esprits sincères. Les exagérations et les sophismes de ses adversaires le servirent. N’était-ce pas prouver sa propre ignorance que de voir dans le doute méthodique un acheminement vers le scepticisme ? Ne pouvait-on démontrer l’existence de Dieu, à l’exemple de Bossuet et de Fénelon, sans soulever tous les problèmes des rapports de la cause et de la substance