Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/126

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mécomptes. Tout prospère sous son œil vigilant, sous sa main industrieuse ; tout est reluisant de blancheur et de propreté ; elle revêt tout de sa grâce. Ce n’est pas elle qui se reposerait sur les soins d’une servante. L’aurore la trouve debout, distribuant le pain à sa maison, le travail à ses filles ; elle est là qui les encourage, qui les surveille, qui les anime de sa parole, de son regard ; sur tous leurs ouvrages elle imprime son doigt agile, et elle donne elle-même l’exemple de l’activité. Chaque saison la trouve préparée. Elle ne redoute pour sa famille ni les chaleurs de l’été ni le froid de l’hiver ; comme un vaisseau infatigable, elle lui amène régulièrement ses provisions. Et quand elle voit que le ciel bénit son travail, que son époux s’applaudit de son zèle et que ses enfants font l’admiration générale, oh ! alors, contente et heureuse, elle trouve encore à côté de son expression de reconnaissance envers Dieu, une larme de commisération pour le pauvre qui frappe timidement à sa porte. De cette même main qui a su tant travailler et tant produire, elle lui tend une aumône généreuse qu’elle sait accompagner d’une de ces bonnes paroles qui font naître dans les âmes affligées le calme, la résignation et la paix[1] ».

Que nous vient-on, après cela, parler de gynécées et de harems, en traitant de la condition de la femme juive, telle que la lui font les Saintes-Écritures ? Est-ce que jamais condition de femme libre, même dans notre dix-neuvième siècle, a été entourée d’une auréole semblable et célébrée sur un ton de poésie aussi brillant ? C’est un idéal, nous le voulons bien, mais un idéal proposé à l’épouse israélite et qu’elle doit avoir constamment sous les yeux pour s’en rapprocher, pour y mode-

  1. Proverbes, ch. XXXI.