Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/173

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Messie, que le triomphe et l’établissement universel de la liberté[1]. »

En ce jour enfin, est-il dit : « La connaissance de Dieu remplira la terre comme font les eaux du lit de la mer[2]. » « Tous les hommes, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, connaîtront et aimeront l’Éternel[3]. » Ce n’est donc toujours pas au profit d’Israël seul que se fera cette expansion de la vérité sur Dieu. Tous les peuples en jouiront et en profiteront pour marcher dans le chemin du devoir, de la justice, de l’honneur et du bon droit. La seule chose dont Israël pourra jouir alors plus particulièrement, ce sera de savoir que ses vieilles espérances pour lesquelles il fut tant attaqué, tant violenté et tant persécuté, se sont réalisées, et cela pour le bonheur commun. Alors enfin on aura pour lui un respect et une vénération que sa vieillesse, selon l’expression de Montesquieu, devrait depuis longtemps lui avoir attirés. Ce sera la réalisation de cette dernière prophétie : « Dix hommes s’attacheront au manteau d’un Juif en disant : Nous allons avec vous, car nous savons que Dieu vous guide et vous protège[4]. »

Mais il faut le savoir aussi : la venue du Messie n’altérera en rien la nature des choses, pas plus que celle des personnes. Sans doute, l’homme aura à l’époque messianique plus d’empire sur son cœur ; il étouffera plus aisément ses mauvaises tendances ; menant une vie sobre et laborieuse, il sera délivré de bien des misères, de bien des infirmités, de bien des maladies qui sont les suites inévitables de ses excès actuels. Éclairé sur les vraies conditions du bonheur, content du sort qui lui écherra, partageant son existence entre le culte de la vertu et la pratique de la piété, ne regardant plus son prochain d’un œil

  1. Traité Sanhédrin, p. 98.
  2. Isaïe, chap. II, v. 19.
  3. Jérémie, chap. XXXI. v. 33.
  4. Zacharie, chap. VIII. v. 23.