Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/307

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prophète, de venir ainsi fouler mes saints parvis ? Purifiez-vous, étouffez vos mauvais penchants, cessez de faire le mal, et ne venez pas dans le temple du Seigneur les mains trempées de sang innocent. Ne lui offrez pas des sacrifices impies, ne brûlez pas pour lui un encens sacrilège[1]. » — « Déchirez vos cœurs et non vos vêtements », dit un autre prophète[2]. Sachez que vous vous trouvez devant celui qui sonde les reins et le cœur de l’homme. Il connaît vos plus intimes pensées. Que vous sert de dissimuler avec lui ?

Il y a plus, ajoutent les rabbins : « Il ne faut pas qu’en aucune occasion, votre prière vous soit à charge. Livrez-vous à la prière comme à un besoin de l’âme[3] ». Priez après avoir médité sur la grandeur de Dieu, et alors vous vous sentirez entraînés par un mouvement irrésistible vers celui qui, au sein de vos méditations, vous est apparu le seul digne d’être adoré de vous.

Mais, on l’a souvent demandé, la prière considérée comme manifestation extérieure de nos sentiments de piété est-elle bien nécessaire ? Pourquoi laisser ces sentiments éclater au dehors ? Renfermés en nous, perdent-ils quelque chose de leur valeur ? Sont-ils moins un culte réel ? Sont-ils moins agréables à Dieu et agréés par lui ? D’autre part, n’est-il pas préférable de se borner à penser à Dieu, à l’admirer, à l’aimer sans aucune démonstration, que de s’astreindre journellement à réciter une longue suite de prières qui ne partent pas toujours du fond du cœur ? Voilà autant d’objections élevées par l’incrédulité contre le caractère obligatoire de la prière, telle que la comprennent toutes les religions positives. Le Judaïsme doit y faire sa réponse avec d’autant plus d’empressement, qu’il a été la première des

  1. Isaïe, chap. I.
  2. Joël, chap. 1, v. 3.
  3. Pirké Aboth., chap. II.