Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/347

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lérance du croissant ; il ne périra pas. il ne se fondra pas dans les nations s’ouvrant par tous les pores pour l’absorber. Il a de l’initiative, du courage, de la souplesse ; il sait lutter et travailler. En Espagne et en Afrique, sous la domination des Maures instruits, il fréquentera les savantes écoles des Arabes à côté des siennes et se préparera par la science des langues à fournir Aristote à la Scolastique ; il donnera des maîtres à Albert le Grand et à Saint Thomas-d’Aquin. Son philosophe Avicebron, son théologien Maimonide, son poète Juda Halévy, ses exégètes Raschi et Ibn Ezra sont des flambeaux à la lumière desquels bien des esprits viennent s’éclairer. Il a aussi ses médecins eélèbres que les cours des califes ainsi que celles de quelques rois de France aiment à s’attacher à cause de leurs sérieux talents. Jusque dans les affaires du commerce il témoigne de sa supériorité. Il sait être créateur, promoteur, inventeur des plus vastes entreprises commerciales et industrielles ; il leur donne ces admirables bases qu’elles ont conservées jusqu’à nos jours, et qui ont fini par leur assurer et leur imprimer ce magnifique essor dont la génération actuelle commence à profiter. Le travail manuel non plus ne lui répugne pas. Rien ne l’effraie ; il sait travailler spirituellement, il sait travailler scientifiquement, il sait aussi travailler matériellement. Si des constitutions intolérantes de peuples fanatiques lui défendent de concourir aux premiers genres de travaux, il se livrera aux derniers. Si ses infortunes et ses misères le réduisent à abaisser ses facultés intellectuelles à d’infimes labeurs, il le fera ; il sait que l’homme est né pour le travail, que l’homme se sanctifie par le travail, et, comme le dit un de ses proverbes affectionnés, « qu’il n’est d’état si petit qu’il soit qui n’honore celui qui le pratique avec amour et zèle[1] ». De ceci encore,

  1. Talmud, traité Guittin, p. 67 et traité Baba kama, p. 79.